CADRAGE THÉMATIQUE ET INTENTIONS

La proposition centrale est d’explorer des usages collectifs dans le but de donner à la vie onirique de nouveaux débouchés susceptibles d’intéresser les artistes, les chercheurs, les thérapeutes et les citoyens-rêveurs, notamment.

Ce projet résulte largement d’un étonnement et d’une insatisfaction: le réflexe qui nous amène à privilégier, face au rêve, une réponse en termes interprétatifs. Cette perplexité face à cette réduction et par rapport à la variété des usages possibles dont attestent l’histoire et l’anthropologie du rêve, ajoutée à la création récente de “banques de rêves” nous a amenés à lancer ce projet.

D’une part, nous envisageons d’appliquer aux rêves une proposition que l’ethnopsychiatrie a faite aux champs des soins et des troubles: le type de technique thérapeutique utilisé informe la manière de tomber malade. Transportée dans notre projet, cette manière de penser nous invite à considérer que les diverses interprétations et usages disponibles dans une culture structurent les manières de rêver, comme les manières d’en rendre compte. D’autre part, la remise en question de l’interprétation comme seule réponse au rêve nous incite à nous positionner autrement dans le champ des usages. Ainsi, par exemple, nous connaissons tous ces rêves particuliers, récurrents, dont on ne sait trop bien, dans certains cas d’insistance problématique, comment s’en débarrasser. Ce sont des rêves qui insistent. Et le rêve insiste, visiblement, jusqu’à ce qu’on arrive, ou que quelqu’un arrive, à lui répondre. Il y aurait donc des rêves qui exigent une réponse, une “intervention”, une action, plutôt qu’une interprétation, quoique l’interprétation soit une des multiples réponses possibles.

Notre projet ne veut pas se réduire à produire des savoirs sur les usages des rêves, ni de savoir sur les savoirs de ces usages, même si cette production en est une dimension constituante. Prenant au sérieux notre prémisse selon laquelle les réponses apportées aux rêves affectent les manières dont on rêve, nous faisons le pari d’un projet de déploiement de créativité.

Notre dispositif, dans la mesure où il souhaite s’ouvrir à l’ensemble des approches et des pratiques du rêve, devrait constituer une ressource originale pour les chercheurs des disciplines artistiques et scientifiques concernées dans les sciences humaines et sociales, mais aussi dans les sciences biomédicales, la neurologie et la psychiatrie en particulier.

ÉQUIPE

Alain Kaufmann

Sociologue et biologiste

Après des recherches conduites à la Faculté de médecine et à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne (UNIL) il fait un séjour de chercheur invité au Centre de sociologie de l’innovation de l’École des mines de Paris auprès de Bruno Latour et Michel Callon. Il crée en 2002 l’Interface sciences-société de l’UNIL et en 2005 L’éprouvette, son laboratoire public de sciences de la vie. Depuis janvier 2019, il dirige Le ColLaboratoire, l’unité de recherche-action, collaborative et participative de la Présidence de l’UNIL. Il est notamment membre du Conseil d’administration de l’Alliance Sciences-Sociétés et du Conseil scientifique de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Il a participé et communiqué à une quinzaine de colloques à Cerisy et co-dirigé ceux consacrés aux risques et à la transition écologique. On trouvera une liste de ses principales publications ici.

Philip Clark

Philosophe et entrepreneur

Il a participé à plusieurs colloques à Cerisy. Après ses études de philosophie, il part à New York où il sera journaliste et correspondant entre autres d’Art Press pendant 8 ans. À New York, il étudiera l’histoire de l’art à l’Institute of Fine Arts de la New York University dans le cadre d’un master. Début 1994, il fonde Mondorondo, une start-up de design et de production web. Il co-crée le site Mondo Mix avec Amy Killoren et Marc Benaïche, une des premières plateformes digitales de musique du monde. En 2001, il rejoint PYM Venture, une société de conseil spécialisée dans les télécom, et en tant que partenaire; puis en 2008 Orange Busines Service en charge de l’innovation. Il a été vice-président du Groupe vaudois de philosophie, co-fondateur avec Guy Mettan du Festival Francophone de Philosophie. Aujourd’hui il enseigne l’innovation et le changement dans la filière ingénieur de la HES-SO à Lausanne, tient un blog sur l’innovation et le changement dans PME magazine, et accompagne les entreprises dans leur transformation organisationnelle en développant la coopération.